Bienvenue sur le journal des expositions en ligne de la Galerie de la Marraine. Les expositions présentent des objets et oeuvres d'art, uniques ou en petites séries, inspirés par les collections et expositions temporaires de musées choisis.

mercredi 21 octobre 2015

Auteur invité : Sabine Feliciano, "La culotte au 18e siècle?"

Sabine Feliciano présente dans la Galerie de la Marraine, à l'occasion de l'exposition "Fragments de Fragonard", sa vision de L'escarpolette. Il s'agit d'une culotte rebrodée, et encadrée. 
Elle est l'auteur de cet article, que je publie aujourd'hui.

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En 2011 a été présentée l'exposition "Le XVIIIème siècle au goût du jour", Couturiers et créateurs de mode au grand Trianon – Château de Versailles, Grand Trianon.
Une cinquantaine de modèles de grands créateurs contemporains dialoguaient avec les costumes et accessoires de mode du XVIIIème, comme les bijoux.
Les pièces présentées provenaient des maisons de couture et des collections de Galliera, le musée de la Mode de la Ville de Paris, qui co-organisait l’exposition avec le château de Versailles.
Étaient présentées des robes dont une inspiré de Fragonard, mais voila, ce top-modèle portait-elle une culotte ?...



A gauche : Robe « Doutzen Kroes » en taffetas de soie rose changeant, inspirée par Fragonard, Maison Christian Dior, Haute Couture, automne/hiver 2007/2008 – Collection archives de la Maison Dior © Marcio Madeira/Zeppelin - Au centre : Robe en moire et velours rouge paré de broderies, Maison Christian Dior, robe Haute couture automne/hiver 2004/2005 – Collection archives de la Maison Dior© Marcio Madeira/Zeppelin - A droite : Robe « Constellation » en tulle changeant brodé de cristal et de jais, Thierry Mugler, Haute couture Automne/Hiver 1997/1998 - Collection archives de la Maison Thierry Mugler. © Marcio Madeira/Zeppelin

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Les accessoires de mode du XVIIIème siècle 

Parce qu’ils étaient essentiels au XVIIIème siècle, les accessoires occupent une place importante. Le bijou, particulièrement, qui à la cour était indissociable du costume d’apparat. La Baronne d’Oberkirch décrivait avec émoi l’entrée de la famille royale à un bal en 1782 : "C’est magnifique par la quantité et l’éclat des bijoux, par les broderies d’or et d’argent, par la richesse des étoffes".
Moins prestigieux mais tout aussi indispensables étaient les dentelles, rubans, passementeries et autres colifichets.

C’étaient les marchandes de mode qui permettaient d’enrichir les robes d’autant de garnitures. Elles se rendaient souvent chez les coquettes et ces rencontres, dans l’intimité des appartements, faisaient et défaisaient les modes d’un instant.

Les marchandes de mode étaient à l’origine de toutes les tentations et de dépenses effrénées. N’a-t-on pas reproché à Rose Bertin, marchande de mode de Marie-Antoinette d’avoir ruiné la reine ? Comment ne pas parler d’un accessoire sans parler de la culotte. Et bien voila, la culotte n’est pas un accessoire. Elle n’existe pas. Du moins qu’en est-il de son histoire ?


Petite Histoire

Vêtement puis sous-vêtement, elle a connu bien des péripéties la petite culotte avant d’atterrir sur nos croupions. La culotte, est, dans son sens premier, un vêtement d’homme. Sorte de pantacourt, elle est portée par ces messieurs de la haute société pendant l’Ancien Régime. Pour ces dames, la culotte est réservée aux vieilles dames, aux malades et aux servantes lorsqu’elles font les carreaux mais aussi aux femmes dites « aux mœurs légères ». S'il est apparu dans une notion première de confort, l'évolution de sous-vêtement est par contre étroitement liée à l'hygiène.
Car oui, la bienséance voulait que les femmes vertueuses de l’époque ne portent pas de culottes à partir de leurs 14 ans. Avant cela, les petites filles étaient autorisées à porter une sorte de panty bouffant en coton.

Nues sous leurs jupons, furent les femmes pendant une très longue période de l’Histoire : du Moyen Âge jusqu’au XIXème siècle. Cette absence de culotte à l’époque existait pour plusieurs raisons : tout d’abord, parce que la bienséance avait dit que c’était comme ça et puis c’est tout, ensuite, on trouvait que cela était plus hygiénique. Leur seuls sous-vêtements étaient une espèce de chemise de soie ou de toile et parfois un jupon supplémentaire par-dessus.
La femme du XVIIIe siècle ne porte plus de caleçon et est donc à nouveau nue sous ses multiples jupons qu’elle dévoile ainsi que sa chemise.
Les jupons se portent sous la robe à la française, sur les paniers ; le jupon de dessus est toujours visible et a fonction de jupe. Les jupons de dessous, faits dans des tissus plus humbles, se placent sous le panier. Plus on avance dans « l’effeuillage » des jupons, plus leur nom est révélateur de l’intimité : la «modeste», le «fripon» et enfin la «secrète». Le panier doit son nom à son aspect qui accentue la rondeur des hanches et la largeur de la jupe. C’est Catherine de Médicis (1519-1589) qui lance la mode du pantalon ou «brides à fesses» à la Renaissance. Elle aurait emprunté cette mode aux courtisanes vénitiennes. Mais n’allez pas penser que le caleçon était seulement utilisé pour des raisons d’hygiène et de pudeur (c’est la mode du vertugadin, qui pouvait faire découvrir trop fortement l’intimité féminine).
Il était destiné à être vu des autres. Choisi avec goût par ces dames et fabriqué avec de luxueux tissus, le caleçon était visible lors de promenades à cheval ou dans les escaliers. À la fois dessous protecteur et objet de convoitise pour les regards, le caleçon mettait en valeur les cuisses. Mais cette mode est très courte et les femmes sont de nouveau nues sous leurs jupons à partir du XVIIIème siècle.

C’est un monsieur, créateur d’une marque bien connue qui a imaginé et commercialisé la petite culotte que l’on connait aujourd’hui : Pierre Valton, qui ouvrit en 1893 son atelier de sous-vêtements… lequel deviendra, en 1920, Petit Bateau.

Création Sabine Feliciano. La culotte du XXIe siècle ou fantasme des jupons perdus.

C'est "Le petit jeu du hasard". Hommage au regard qui dans l'ombre surprendra la beauté qui le mettra en joie.
Un moment fugace mais à répétition, dévoilant au regard du spectateur, sous la masse mousseuse des jupons, ce qui aurait du resté caché. Une lecture actuelle d’un siècle fantasmé. Chacun adapte l’époque à sa sensibilité en y montrant sa propre lecture. Ici l’inspiration est libre et débridée du regard posé sur la toile "les hasards heureux de l'escarpolette".

A gauche : Paire de souliers en cuir brodé au fil d’argent – vers 1730 – Collections Galliera © EPV J-M Manaï, C. Milet, A droite : Éventail plié « Renaud et Armide » en feuille en papier gouaché à rehauts d’or, monture en ivoire peint et doré – Vers 1730 – Collections Galliera © EPV/J-M Manaï, C. Milet
Sabine Feliciano :
site : www.wildtextileworld.com
blog : www.400coups.net
FB : www.facebook.com/sabine.feliciano.5

Merci Sabine! 

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